vendredi 9 mars 2007

Les évadés

La vie d’un thésard n’est pas facile. Travail, pression, nuits blanches à finir les papiers avant de les envoyer aux revues ou aux conférences. Refus, larmes, remises en questions, périodes de doute intense, fatigue, dépressions, fin de soirée au pub, etc. Parfois, une conférence vous accepte. Mais s’ensuivent aussi sec les éternels problèmes financiers, votre labo ne vous la remboursant que très occasionnellement (et beaucoup trop tard), ce qui vous oblige à dormir, la veille de votre présentation, dans une auberge de jeunesse avec quatre autres thésards bourrés d’alcool, et donc portés sur le ronflement intempestif (et donc à présenter le lendemain matin avec une nonchalance ridicule due au manque de sommeil qui entraînera dans la salle sarcasmes et railleries). A la suite de la conférence, vous êtes encore plus fatigué, et vous n’avez plus d’argent pour se payer des vacances. Bref, une vie dramatique.

Heureusement, ici comme ailleurs, le système est ainsi fait que si l’on s’y prend bien, on peut aussi en profiter. Peu de vacances, certes. Mais des vacances gratuites, parfois. Le tout est d’avoir l’œil aguerri, et du temps à perdre. Ce temps, il vous faut le trouver, car il vous évite de basculer – comme c’est déjà le cas d’un certain nombre de mes confrères thésards – dans la spirale infernale de la loose. Ce temps, il vous permettra d’accéder à un autre monde, à un monde peu connu du commun des mortels, et même du commun des thésards (qui sont immortels, à leur grand regret). Ce monde, c’est le monde de la « Conférence Tout Frais Payés », que nous nommerons CTFP, car le thésard aime les sigles, n’ayant pas le temps d’écrire les mots en entier, trop occupé qu’il est à trouver des CTFP.

L’accession à ce nouveau monde présente plusieurs avantages. Tout d’abord, la CTFP, comme son nom l’indique, est TFP. Plus de problème d’argent, et, en général, un délai de remboursement correct (dans mon cas, une heure après l’arrivée sur le lieu de la conf). Mais ce n’est pas tout, loin s’en faut. Dans la plupart des cas, et c’est là son grand mérite, la CTFP est d’un niveau médiocre, en tout cas quand elle vous accepte. Les organisateurs de CTFP vivent en marge du monde moderne, dans lequel les chercheurs (ou leurs universités) payent pour aller aux conférences. Les chercheurs titulaires étant de toute manière financés, les seules personnes intéressées par les CTFP sont quelques thésards en galère de vacances et d’argent. D’où le bonheur : vous arrivez dans un endroit où l’on vous traite comme un scientifique de haut rang, on vous entretient, et vous parlez devant un parterre de personnes acquises à votre cause, que de toute manière ils ne comprennent pas. Rien ne vous oblige d’ailleurs à leur dire que vous êtes un thésard. Vous en revenez glorifié, bronzé et reposé.

4 commentaires:

ATER à terre a dit…

T'as un plan là??

Parce que niveau vocation, je cherche mais c'est dur!

Anonyme a dit…

il parait qu'il y a un poste qui se libere à manhattan

ATER à terre a dit…

Laisse moi deviner, l'appartement de fonction de 400m² avec vue sur central park est fourni avec ?

Anonyme a dit…

à manhattan ou au manhattan? ;-)